Jeunesse de Tellin

Historique

Article publié dans le Courrier. L’auteur est un certain B.M. provenant de Belvaux.


La danse de la tarte.

Parmi les quelques fêtes qui ponctuaient annuellement les activités, principalement agricoles, de nos villages, l’épisode de la danse de la tarte est sans conteste la plus mémorable. Si la  » dikause  » tant attendue était anciennement le grand événement divertissant d’une année laborieuse,  » li toûr do l’dorèye  » en constituait l’apothéose.

La kermesse était installée depuis quelques jours sur la place du village : un carrousel à chaîne,  » li toûrniquèt « , une petite confiserie et l’indispensable tir aux pipes où les jeunes mâles de la localité faisaient montre bruyamment de leur exceptionnelle adresse ! La fête n’ouvrirait que le dimanche, après la messe ! Dans certains villages, on organisait un concours de jeux de quilles dressées au bout d’une longue planche. Parfois, quand une salle des fêtes ou une grange suffisamment spacieuse manquait pour accueillir l’ensemble des villageois, une petite guinguette en bois était temporairement montée pour l’occasion. Elle abritait les bals du samedi soir et du dimanche soir où l’ambiance était chaude jusqu’aux petites heures matinales. On se ventait alors d’être rentré de la fête juste pour la traite des vaches du matin. La tête était lourde mais  » nos-avans yêu bon  » !

« On y retrouvait souvent les mêmes habitués reconnus par tous pour leur dynamisme, leur sens de l’organisation, leur bonne humeur communicative et leur honnêteté sans faille »

Le lundi après-midi, parfois le mardi, c’était la danse de la tarte. Elle était organisée sous la direction du ou des maîtres jeunes hommes. Ces capitaines de la jeunesse étaient désignés plusieurs semaines avant la fête parmi les célibataires endurcis de la localité. On y retrouvait souvent les mêmes habitués reconnus par tous pour leur dynamisme, leur sens de l’organisation, leur bonne humeur communicative et leur honnêteté sans faille. Ils étaient chargés de la bonne marche des opérations. Ils s’étaient assurés de la participation d’un joueur d’accordéon ou d’un petit orchestre juché en équilibre instable sur un chariot décoré. Ils pouvaient aussi compter sur la présence de la  » Musique « , quand cette fanfare locale existait au village. Ils avaient enfin géré, depuis quelques semaines la vente des cocardes qui assuraient le financement de l’organisation : régler la note éventuelle des musiciens, offrir des tours de carrousel aux enfants et payer de nombreuses gouttes de  » pèkèt  » à tout le monde !

Et, c’était parti ! On faisait le tour du village en dansant. Les cafés étaient évidemment des étapes obligatoires, mais on allait dans toutes les maisons, surtout là où il y avait des jeunes filles. On était bien reçu! Il ne fallait oublier personne : ils auraient été fâchés ! A chaque halte on buvait la goutte et on mangeait la tarte préparée spécialement par les mères de famille. Tarte et  » pèkèt  » à volonté : autant dire que le soir on était  » arrangé  » !
Anciennement, les musiciens jouaient la danse des quadrilles, dont le  » Quadrille des Lanciers « , ou les pas redoublés, comme les polkas aux rythmes endiablés. Il y avait aussi la danse du balai, ou  » do ramon  » : un homme manipulait en tous sens un balai fait de fines branches de bouleau enserrées avec de l’écorce de noisetier. Les autres y tentaient de planter un bâton pointu… Comment interpréter cette pantomime? Nous ne permettrons ici aucun commentaire sur le sujet, même si certains d’entre vous ne manqueront pas d’avoir leur petite idée !
Moins équivoque il y avait encore la danse du coussin.. Au milieu d’un cercle de participants, on amenait sur le coussin un partenaire à embrasser,  » en tout bien tout honneur ! « , puis ce dernier choisissait à son tour un autre partenaire : un homme, une femme, un homme… C’est ce qu’on appellera plus tard la farandole !
Aujourd’hui la danse de la tarte a été maintenue, tant bien que mal, dans certains de nos villages. Dans d’autres, elle est à nouveau organisée par les maisons de jeunes, après un certain nombre d’années d’interruption. Alors, Danse de la Tarte ou Méga giga bal avec sono tonitruante à des kilomètres à la ronde ? A vous de choisir ! Et l’un n’empêche pas l’autre !


Cliquez sur ce lien -> Travelling-Septembre-1974 pour découvrir un article de 4 pages datant de 1974 dédié à la Grande Fête Tellinoise.
Article tiré du magazine Travelling